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56es Journées romandes des arts et métiers

Organisée les 22 et 23 juin à Champéry, l’édition 2023 des Journées romandes des arts et métiers a été placée sous le thème «Renforcer la politique en faveur des PME».

Horaires et lieu des conférences

  • Ouverture: 22 juin 2023 à 9h45
  • Clôture: 23 juin 2023 à 12h30
  • Lieu: Palladium de Champéry (Website / Google Maps)

Programme des conférences

Programme 56es Journées romandes des arts et métiers
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Disponibilités des hôtels - Champéry
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Nouvelles de Champéry

Jeudi, 22 juin 2023

10h30: Allocution d’ouverture, Fabio Regazzi, président de l’usam

Je vous souhaite à toutes et tous une cordiale bienvenue dans ce beau village de Champéry. Nous allons parler de politique, le cœur de métier de l’usam. Les quatre grandes faitières font campagne pour les élections fédérales – afin de renforcer la politique en faveur des PME. L’usam est une institution politique et elle continuera à l’être, contre vents et marées, en poursuivant sa collaboration avec les partis bourgeois. De cela dépend à long terme notre prospérité économique. Faisons vivre le débat démocratique qui fait la force de notre pays. Je vous laisse en compagnie de Pascal Schouwey, qui animera ces deux journées de débat.

10h40 «Pertes de la BNS et turbulences financières: quel impact sur l’économie?» | Michel Santi, économiste et financier

Sous les yeux, vous avez l’évolution des pertes et profits de la BNS de 2003 à 2023. Comment comprendre les 132 milliards de pertes en 2022? Une infime minorité de gens ont été choqués dans notre pays. 80% des profits générés en quinze ans ont été anéantis en un exercice. Le pic du bilan de la BNS a été atteint en février 2002 avec 977 milliards de francs suisses. Soit 130% du PIB suisse. Cette perte a suscité beaucoup de railleries et de suspicions. Certes, une banque centrale n’a pas pour but de générer des profits. Pour autant, les pertes de la BNS seront lourdes de conséquence et un facteur de volatilité. C’est non négligeable. Cela représente 15'000 francs par citoyen. Les fonds propres passent de 200 milliards (2021) à 66 milliards (2022). La BNS n’est pas un acteur mineur au G20, elle compte au niveau global; sa monnaie est une valeur refuge par excellence. Mais la BNS n’a que trois membres décisionnaires. Le comité exécutif de la FED compte 16 membres, 6 membres pour la BCE, 8 au Japon. Et la BNS seulement trois. Pourquoi? J’ai assisté à des réunions du FOMC à Washington, parfois 60 personnes y assistent en plus des 16. Pas la BNS qui estime qu’il n’y a pas suffisamment d’économistes qualifiés dans le pays. Même en Islande, 372 000 habitants, compte 5 membres dans la direction générale de sa banque centrale.

Dès 2009, la BNS achète des euros pour enrayer la hausse du franc suisse. La version de la BNS des baisses de taux quantitatives. Cet argent créé a permis d’acheter des devises. Malheureusement, la BNS n’a pas eu le succès escompté. En deux ans, l’euro a atteint pratiquement 1,10. Cette multiplication du bilan de la BNS entre 2009 et 2011, de 47 à 200 milliards de francs suisses. À l’époque, une concentration des risques est reconnue. Un cran supplémentaire a été franchi en septembre 2011, l’indexation du franc suisse sur l’euro au niveau de 1,20, niveau qui devait être protégé coûte que coûte. L’échec était programmé. Comment la BNS pouvait prétendre rivaliser dans un marché des changes à 8 milliards? En 24 heures, c’est dix fois le PIB de la Suisse. Quelle prétention! Le franc suisse représente seulement 3% des volumes échangés. Et la BNS voulait acheter des euros et des dollars pour investir de manière boulimique.

Quand j’ai publié mon livre, je n’ai trouvé nulle part en Suisse sur aucun site, comment ces pertes se sont produites. L’opacité est totale, j’ai dû aller chercher des informations aux États-Unis. Grâce à l’exigence de transparence américaine (formulaire 13F) de la SEC, nous avons des infos sur la BNS. À raison de 15 milliards par mois, la BNS a vendu ses positions en devises étrangères, dès le 1er trimestre 2022. Or le timing était mauvais. Cela a coïncidé avec un effondrement. Le Nasdaq, dont la BNS était friande, a connu des pertes très importantes. C’est comme si la BNS était devenue un giga fonds d’investissement. Quand on compare le graphique du bilan de la BNS et celui des GAFA (fonds spéculatifs), le parallèle est frappant. Le portefeuille action de la BNS a fondu au plus mauvais moment, à mesure que les bourses chutaient. Le formulaire 13F. Dès 2015, la BNS a investi massivement dans les start-up du pétrole de schiste, actuellement cela ne vaut plus rien car ces entreprises ont échoué.

Les autres banques centrales investissent dans leur tissu économique régional. Même la banque centrale chinoise ne place pas sur les bourses américaines. Elle acquiert des bons du trésor américain. La BNS a investi dans Apple, Amazon et Tesla et vendu à perte en 2022. Les actions de Carvana ont perdu 90% de leur valeur en 9 mois. Parlons de l’or, jusqu’en 1999, la BNS devait conserver 40% d’or au minimum dans son bilan. 1300 tonnes ont été vendues en plusieurs fois. Dans le discours de Hildebrand en 2005, le prix est de 351,40 dollars l’once. En 2000, la BNS détenait 2600 tonnes d’or, 30% des réserves US. Par trois fois, on a atteint 2000 dollars l’once. J’ai effectué le calcul. 1300 tonnes à 1950 francs. Nous obtenons un manque à gagner de 67 milliards de francs suisses!!! La BNS ne s’est pas démarquée par son sens du timing.

L’initiative sur le sauvetage de l’or a suscité une levée de boucliers des autorités et de la BNS, ce texte n’est pas passé en 2014. Pour eux, il fallait vendre le maximum d’or pour vendre le sauvetage du franc face à l’euro (PEG). Mais trois semaines après la votation, ce PEG a été abandonné! Jordan a même écrit dans une analyse que le PEG n’aurait jamais dû être réalisé. L’important n’est pas la perte, mais la légitimité de la perte. Vendre la moitié de son stock d’or à ce prix est déjà en soi incroyable. Mais les investissements à risque ne sont pas légitimes.

La BNS a fait des choix politiques et s’est comportée comme juge et partie, pourquoi privilégier les bourses américaines pour placer l’argent des Suisses. Le quart du portefeuille titre américain était consacré aux 100 entreprises qui dégradent le plus le climat. Le total des investissements correspond au total des émissions de toute la Suisse sur une année. En Argentine, au Pakistan, les conséquences du climat se traduisent directement dans les résultats économiques. Les BNS ont leur rôle à jouer dans ce dossier.


Présentation «Pertes de la BNS et turbulences financières: quel impact sur l’économie?» | Michel Santi, économiste et financier | fichier PDF (attention: taille 7.1 MB)


11h34 «Représenter les PME dans la politique économique»
  • Débat: Pascal Schouwey (PS)
  • Philipp Brégy, conseiller national (Le Centre/VS) (PB)
  • Jacqueline De Quattro, conseillère nationale (PLR/VD) (JDQ)
  • Pierre-André Page, conseiller national (UDC/FR) (PAP)

PS. Relations de la Suisse et l’UE, les PME, sont-elles négligeables?

  • PAP. Elles sont le tissu économique et il faut retrouver la façon de travailler en réseau. Y compris avec nos voisins. Ce qui nous permet de mieux former nos apprentis.
  • JDQ. Oui, mais on ne peut pas tout faire tout seul. On ne peut pas avancer sans un accord avec l’UE, les blocages nous empêchent d’avancer. Il faut nous garantir un accès aux marchés.
  • PB. C’est un sujet difficile. On a fait un premier pas, mais dans quelle direction? Il faut soutenir les PME qui exportent.
  • PAP. Sur l’électricité, on peut faire des conventions séparées, mais il faut un accord global. Il nous faudra importer beaucoup d’électricité.

PS. Forces de travail et immigration?

JDQ. La population vieillit, la démographie renforce le phénomène. L’immigration sera incontournable, mais pour des gens qui viennent bosser. Cela va être compliqué au Parlement. Des idées existent, comme la Green Card. Il faut aussi valoriser les filières professionnelles.

PS. Dans l’agriculture aussi?

PAP. On veut aussi gérer l’immigration. Nous voulons éviter les profiteurs qui viennent pour utiliser les services sociaux. On pourrait réintroduire des quotas. On veut éviter une Suisse à 10 millions d’habitants. On a des écoles d’agriculture pleines, mais pas assez de domaines à exploiter. Ensuite ces jeunes vont travailler dans des bureaux d’études.

  • PB. On a besoin de gens qui travaillent dans les métiers de l’hôtellerie-restauration, par exemple. Dans nos cantons touristiques, nous avons besoin de main-d’œuvre étrangère et il faut trouver un système pour aller de l’avant. Nous devons améliorer la flexibilité.

PS. Avec le virage de l’intelligence artificielle, quels nouveaux métiers?

  • PB. Les travaux au bistrot, à l’hôpital et dans l’agriculture, n’en profiteront pas. Il faut donc inciter les gens à choisir de tels métiers. Et travailler pour renforcer l’apprentissage.
  • JDQ. Cela ne remplacera pas l’humain. Je n’ai pas envie d’être accueillie par un robot dans un hôtel. Il faut attendre deux mois pour faire réparer son store.

PS. Nouvelles réglementations? Sur le climat?

  • PAP. J’espère que nous allons pouvoir faire face à la prochaine avalanche de réglementations. Les gens ont déjà fait beaucoup pour aller dans ce sens.
  • JDQ. La décarbonisation progressive, nous ne pouvons pas la refuser. Mais pas avec des interdictions et des taxes, comme le peuple l’a montré avec la loi sur le CO2. Il ne faut pas que les Verts reviennent par la petite porte.

Questions de la salle

Sur l’aménagement du territoire?

  • PAP. Hors zone à construire, je me bats depuis 2015 pour utiliser les possibilités existantes. On a perdu pour dix voix, et à cause de l’Union suisse des paysans. C’est l’une de mes défaites les plus difficiles.
  • JDQ. C’est un sujet épineux. À Montreux, un projet de densification a été refusé. Il faut concilier les intérêts publics sur un même territoire. Je suis optimiste sur notre capacité à apprendre de ce que nous avons vécu politiquement, mais les conflits d’intérêts me semblent programmés.

Jeudi 22 juin 2023

14h30 Eléments pour une critique du principe de précaution et du principe de responsabilité | Luc Ferry, philosophe et ancien ministre de l’Éducation nationale

Je ne suis pas un fan du principe de précaution. Quel est son histoire et qu’est-ce qui se cache derrière lui? Il apparaît en Allemagne dans les années 70. De «sorgen», le souci des générations futures. On veut rendre les adultes responsables et laisser un monde habitable. Puis au fil des années, cela devient un principe de risque zéro, une prudence absolue. Puis, d’un rejet de toute innovation. Puis, on verse dans une écologie de la décroissance et du refus du monde industriel, un avatar du communisme. J’ai un ami maoïste qui est devenu écologiste, il écrit qu’il est devenu vert par le rouge. La blague sur les pastèques, rouge dehors, vert dedans, vient de là.

Il y a la conférence de Stockholm en 1972. «Devoir de protéger l’environnement pour les générations futures» Au Sommet de Rio, on introduit la notion de risque. En 1995, la loi française introduit l’interdiction, même quand on ne sait rien du tout. En 2005, Jacques Chirac marabouté par Hulot, introduit le principe de précaution dans la Constitution française. C’était consternant. C’est tellement tordu qu’on ne comprend pas. Si on traduit. Ce n’est pas parce qu’on ne sait pas si quelque chose est dangereux qu’on doit s’abstenir de l’introduire. Avec cela, on ne met pas d’aspirine sur le marché. On peut interdire tout et n’importe quoi. On a interdit des OGM, la recherche sur les gaz de schiste. Avec la grippe aviaire, on achète pour un milliard de masques qu’on finira par jeter.

Derrière ce principe, on trouve quoi? Parce que même la droite s’est mise à courir derrière le mouvement. C’est la droite qui met ce principe dans la Constitution. Derrière, on trouve une crise philosophico morale. D’abord une crise de l’idée de progrès, du capitalisme, avant cela, une crise de la philosophie des Lumières. Premier jalon, le rapport Meadows au Club de Rome sur la crise de la croissance. La notion de développement durable est une imposture. Pas de croissance verte – il faut arrêter la croissance. Deuxième jalon, le paradoxe d’Easterlin, un professeur américain. Il montre qu’aux États-Unis, la croissance a augmenté le pouvoir d’achat depuis la guerre. Mais ils sont beaucoup moins heureux. On a ici une critique magistrale de la consommation. Donc ce n’est pas la peine de dévaster le monde.

Tout une série de néo-libéraux critique Easterlin. Revenez aux années cinquante et vous aurez tout le monde dans la rue. Une Mercedes, ça va mieux qu’une Renault. Mais revenir en arrière n’est plus possible. Troisième jalon: c’est la prolifération des peurs, de l’alimentation, de la vitesse, du sexe, du tabac. On entre dans un monde qui déculpabilise la peur. Dans le livre de Hans Jonas, qui parle de l’heuristique (découverte) de la peur. Pour la première fois, les écologistes font de la peur une passion positive. Avant, la peur était infantile et honteuse. Dans toutes les philosophies de la sagesse, la peur vous rend bête et méchant. La peur est déculpabilisée et devient le premier pas vers la décroissance. Je vais vite mais c’est fondamental dans une écologie du principe de précaution.

Malgré tout, et pour parler de choses positives, il y a une problématique intéressante dans l’écologie. La pollution des océans, l’érosion de la biomasse, de la biodiversité. Et si on aime l’innovation, que dit-on aux écologistes de la décroissance et du principe de précaution?

Lors de la sortie de mon premier livre sur l’écologie (1992), je suis invité dans l’émission La Marche du Siècle, animée par Jean-Marie Cavada. Face à moi, Antoine Waechter, le patron des Verts et Susan George, patronne de Greenpeace France. Un débat marqué débute. Ils me donnent deux images. Respectivement celle du robinet qu’on ferme. Et celle du tourner-sur-route. Deux métaphores de l’opposition entre les réformistes et les «fundis». Depuis, un nouveau mouvement est arrivé, le mouvement effondriste, le catastrophisme. Ils disent que la décroissance ne se vend pas, c’est pour cela que la catastrophe est inévitable.

Ma position, c’est l’écomodernisme. Six idées. Incarné par Mikael Shellenberger

  1. Le découplage. Huit milliards d’humains. Quatre milliards habitent sur 3% de la planète, les villes. Si on utilisait les 80% de la planète en interdisant les polluants. Réserve de biomasse, de biodiversité. Un parc de reconstruction. Pas d’industrie. Si j’étais président de la République, comme on dit dans les asiles de fous, je créerais dix réserves.
  2. Économie circulaire. La nature n’a pas de poubelles. Tout est recyclé. On recyclerait 90% d’un immeuble, au lieu de 20%. Dans une voiture on trouve cinq aciers. Cela vaut pour tous les produits industriels, qui devraient être produits pour pouvoir être désossés. Il faut anticiper en amont.
  3. On gagne de l’argent en faisant du recyclage. Ce n’est pas de l’écologie punitive. Dans le projet de paix perpétuelle, Kant écrit que même un peuple de démons intelligents serait capable de produire une démocratie. Cela vaut avec l’écologie – on s’appuie sur l’intelligence.
  4. La croissance verte réformiste a un problème. C’est de la décroissance molle. On interdit l’avion de Paris à Nantes. On emmerde juste les gens qui prennent l’avion. C’est zéro mais on repeint en vert. Ça fait plaisir au Gouvernement. Mais l’écomodernisme propose une réforme radicale. On avait le briquet et le stylo jetable et le linéaire.
  5. Les décroissants proposent de revenir au low-take. Des 2 CV et des moulins à café. Le locavorisme, à Paris, plus de Bordeaux, plus d’andouilles, plus rien. Cela ne se vend pas. Aucune solution pourtant n’existe sans les high-takes, les hautes technologies. Le légume, la viande, avec des cellules souches peuvent nourrir l’humanité sans empreinte carbone ni souffrance animale.
  6. On va vers la dépopulation mais pas la surpopulation. Deux chercheurs canadiens écrivent «Planète vide», Darrell Bricker et John Ibbitson. Parce que les femmes accèdent à la contraception, à cause de l’urbanisation et de l’État-providence. Dans mon village, les enfants aidaient les parents. À la ville, c’est un boulet. Les gamins restent à la maison jusque vers 25 ans, en Espagne vers 36 ans, 37 ans au Portugal. À cela s’ajoute le retrait des religions.

Le soir, en raison des risques d’orage, la traditionnelle raclette s’est déroulée au Palladium de Champéry. Discussions, échanges et rencontres se poursuivirent tard dans la soirée. Impressions en images.


23 juin 2023

09h00 Organisations professionnelles: Relever les défis de la politique économique
  • Animation: Pascal Schouwey (PS)
  • Line Pillet, présidente Association Femmes PME Suisse romande (LP)
  • Jacqueline Montandon-La-Longe Moser (JM)
  • Olivier Mark, président Jardin Suisse (OM)
  • Laurence Emaresi, présidente PLR Arrondissement de Morges (LE), Femmes PME Suisse romande (LE)

PS. Femmes PME, Jardin Suisse défendent d’abord les femmes et les jardins?

  • LP. Sortons de cette dynamique binaire! Notre but, c’est d’abord de promouvoir les femmes en tant qu’elles font la dynamique entrepreneuriale. Dans les médias, on pense souvent aux grandes entreprises et moins aux implications de décisions politiques sur les petites structures. Les femmes dans les entreprises peuvent ainsi échanger sur leurs préoccupations et se soutenir.
  • OM. On a toujours rêvé que la population s’intéresse à nous. Prenons la biodiversité, un thème qui se développe. On pensait que cela susciterait l’intérêt sur nos activités. Mais un biologiste a publié un livre et on a maintenant une liste de plantes obligatoires pour tous les jardins. Avec l’usam, nous pouvons défendre des thèmes plus larges.
  • JM. Nous nous associons pour des raisons de défense promotionnelle. Puis, le rôle de l’usam, c’est de prendre le relais pour des thématiques plus larges.
  • LE. Les femmes ont aussi besoin de partager des préoccupations, soutien par les pairs. Et le lien avec les associations professionnelles.

PS. Peut-on s’occuper de tous les domaines quand on est à la tête d’une PME?

  • JM. La règlementation excessive nous donne beaucoup de travail. Juste pour qu’au final, on explique qu’on respecte la loi.
  • OM. C’est valable pour tous les règlements qui nous tombent dessus. La créativité du monde politique est incroyable. Et nous devons défendre nos membres, parfois c’est difficile.
  • LE. Nous faisons du soutien aussi pour nos membres. La validation des acquis nous permet de proposer un brevet fédéral.

PS. On défend sa propre image sur les réseaux sociaux? Comment le vivez-vous?

  • OM. On vit dans un monde de concurrence. On soutient les jeunes qui débutent, puis une fois cette étape passée, ce sont des concurrents. Il y a un peu d’égoïsme, mais une fois qu’ils ont fait leurs preuves, cela se passe mieux. Ce sont des personnes intelligentes, et on sait aussi miser sur la relève.
  • LE. Quand sur un chantier on a besoin rapidement de main-d’œuvre, on peut se dépanner.
  • LP. Les jeunes de la HES sont de plus en plus regardants au-delà des effets de surface et d’image que les entreprises veulent donner d’elles-mêmes sur les réseaux sociaux. Des outils permettent d’évaluer les entreprises via ce que les employés communiquent à propos de leur entreprise.
  • OM. L’image et la crédibilité sont de plus en plus importants. On ne peut pas se permettre de raconter des sornettes. Les associations professionnelles doivent être crédibles. Si on fait les marioles, les entrepreneurs en souffrent.
  • LE. Il y a toujours une frange de membres qui sont là en soutien et viennent régulièrement aux activités que nous proposons. Cela sans forcément amener une force de proposition.

PS. Nouvelles générations d’entrepreneurs et de PME?

  • LP. Il y a encore ce mythe de l’entrepreneur qui peut transmettre son idée. Je vois cependant beaucoup d’entreprises dont la dynamique repose sur une équipe. Par ailleurs, il faut aussi savoir prendre des décisions et trancher.
  • JM. Mon père était beaucoup plus dirigiste, alors que je suis plus participative. Les entreprises qui naissent sont plus participatives, et à la longue, on revient vers ce modèle.
  • OM. Le choc des générations est bel et bien présent. Je connais une entreprise dans laquelle le fils a repris l’affaire et tout réorganisé. Les cadres sont tous partis à la concurrence et la société vit une crise bien réelle.
  • LE. Les plus jeunes tiennent à placer leur qualité de vie au premier plan. Ce mode de direction horizontal est à la mode. C’est plus facile de partir en vacances. On le voit avec les cabinets médicaux par exemple.

PS. Les organisations peuvent-elles réagir assez vite à la numérisation?

  • LE. Notre association est transversale. Nous avons pris de nouvelles habitudes, avec les séances par visioconférence. Nous avons donné des formations de cette manière.
  • OM. Nous avons vécu notre première campagne électorale. Des Argoviens se sont présentés contre des Bernois? Cela nous donne de bons espoirs pour la suite.
  • LP. On parle aujourd’hui aussi de ce qu’il faut numériser et dans ce sens, de pouvoir avoir une certaine retenue, en suivant les trends. Il faut le faire quand cela fait sens.

Les trends critiques envers l’économie
  • Animation: Pascal Schouwey (PS)
  • Jimmy Mariéthoz, directeur Fruit-Union Suisse (JMa)
  • Sophie Michaud Gigon, conseillère nationale Les Vert-e-s, secrétaire générale de la Fédération romande des consommateurs (SM)
  • Valérie Berset Bircher, ambassadrice responsable questions économie et droits de l’Homme au SECO (VB)
  • Jérôme Monnat, CEO West End Watch Co. (JMo)

PS. Les trends critiques. Concrètement, qu’est-ce que cela implique, le plan d’action national sur les droits de l’Homme, l’environnement?

VB. Ce plan ne représente pas une obligation, mais une sensibilisation et un accompagnement. Les défis arrivent et le plan est là parce qu’il y a une décision parlementaire. Les lignes directrices sont internationales. Nous avons vulgarisé ces tendances. Au niveau des PME, cela concerne les secteurs en lien avec l’étranger. Cela concerne donc principalement les grandes entreprises, tout en impactant les PME de manière indirecte. Les multinationales le leur demandent et les pays voisins ont aussi de nouvelles législations. Notre rôle est de fournir des outils à cet effet.

PS. Comme pour les normes ISO, les entreprises durables, va-t-on encore ajouter une couche d’obligations pour les PME?

  • SM. Il y a beaucoup d’informations complexes et le consommateur ne le voit pas forcément. Les entreprises que j’ai visitées, si elles ont envie d’aller de l’avant, veulent pouvoir y trouver un avantage concurrentiel.
  • JMo. C’est une porte ouverte pour que certains puissent capter le marché. Dans l’horlogerie, on va vers des grandes structures.
  • VB. Nous voulons entendre les besoins des PME et non pas les surcharger. Tout en leur communiquant une information sur les risques.

PS. Combien d’entreprises seront concernées par cette nouvelle directive sur le reporting?

  • VB. Cela concerne les entreprises entre 250 et 500 salariés. Le Conseil fédéral analyse la situation. Plusieurs scénarios sont envisageables. Mais la très grande majorité des entreprises en Suisse comptent moins de 250 collaborateurs.
  • JMa. C’est un défi de vouloir toujours reprendre tout ce qui vient de l’extérieur. Il faut éviter un désavantage économique, cela porte davantage sur les moyens que sur le but.
  • SM. Je suis à la commission de l’économie. Sur le frein à la réglementation. Je ne vois pas comment cela peut aider les PME. Les couches bureaucratiques ne viennent pas du Parlement, mais de l’administration.
  • JMo. Comme responsable de PME, on est des libéraux, on ne veut pas que des gens qui veulent notre bien contre notre gré pondent des règlements. Pas de meilleur défenseur de la société que les responsables d’entreprise qui donnent des impulsions, se lèvent le matin et sont des chevaux de trait.
  • VB. C’est le Parlement qui fait les lois! Il ne faut pas l’oublier. Il a toute la possibilité de les modifier. Il ne faut pas confondre les rôles.
    SM. J’ai aussi envie d’alléger mais je ne vois pas comment cette proposition le rendra possible. Dans notre situation, les consommateurs étrangers pourraient attaquer les entreprises suisses. Ce que j’entendais à la commission de l’économie m’a donné envie d’aller voir sur le terrain pour me faire une idée.

PS. Responsable sociale des entreprises?

  • JMa. On a un grand débat sur le sucre. Nous produisons du Schorle avec de moins en moins de sucre. Mais on est presque en train de nous étouffer. Sur l’environnement aussi. On nous dit ce qu’on doit planter et où on doit les mettre. Or notre mission est de nourrir la population avec des produits frais.
  • JMo. On est en concurrence avec des entreprises qui envoient des produits du bout du monde. Ne poussons pas ces questions à l’extrême.
  • SM. Je me demande comment on peut faire au mieux pour la richesse des PME. Le problème du sucre, c’est comme la santé publique. On perd des milliards à cause des habitudes de nos générations. On a des gamins qui sont biberonnés au sucre dès le départ. Sinon, oui, j’ai les mêmes problèmes que les chefs d’entreprise à la tête de la FRC!

Questions de la salle

La pomme de Fruit-Union Suisse est attaquée par Apple à cause du logo, votre avis?

  • JMa. On espère pouvoir nous défendre contre ces accusations de terrorisme. Un sondage non publié a montré que pour un quart des gens, une PME a pour but de protéger l’environnement et de permettre à ses collaborateurs de concilier travail et vie familiale. C’est inquiétant, non?
  • VB. Entre social, économie et environnemental, c’est encore plus difficile au plan international, de trouver un équilibre.
  • JMo. On est proche de la France mais on y a perdu le sens des réalités. Il faut que les entrepreneurs trouvent la motivation d’exister. La France a vingt ans d’avance sur nous et nous devons nous en inquiéter.
  • Julien Morand: C’est l’administration qui est responsable de la reprise des règlements européens, qui traduit en faisant des fautes et retraduit avec des fautes de français.
  • VB. Je prends note.

11h10 Promotion économique: attractivité de la Suisse, enjeux, mythes et réalités | Thomas Bohn, directeur général Greater Geneva Bern area (GGBa)

La Suisse se porte bien au niveau de son attractivité. Je suis Alsacien d’origine et travaille depuis vingt ans dans la promotion économique. Il faut continuer d’avoir de la prédictivité. Le GGBa a été créé par les cantons de Genève, Vaud, Neuchâtel, Fribourg, Valais et Berne. Avec 3,5 millions de francs de budget. Trois missions. Promotion de la Suisse occidentale à l’étranger. Siège à Lausanne. On fait beaucoup de vidéos. Tout ce côté promotionnel. Deuxième mission, la veille, pour détecter toute société qui a des velléités de venir en Suisse. La troisième partie, c’est la prospection, l’attraction de société étrangères. On traite 200 dossiers par an, toutes structures confondues. Par la suite, près de 120 d’entre elles nous rendent visite. Sur ce nombre, 50 à 60 s’implantent. L’objectif est de faire mieux, pas plus. On veut des sociétés qui auront un impact positif sur la région. Au plan de la technologie et du nombre d’emplois. On possède un réseau international, sur divers marchés. Chaque canton dispose en plus d’une promotion cantonale avec laquelle on collabore.

Les écosystèmes évoluent. Nos atouts sont la biotech, la santé et l’alimentation. Nous cherchons ces créneaux porteurs. Quand une société nous demande ce que nous donnons en échange, on leur donne une tape dans le dos et on leur dit de repasser plus tard. Les conditions cadres sont bonnes. Stabilité, démocratie. Ce pragmatisme est un bon argument de vente.

Parmi les défis, les relations avec l’UE. Si cela me fait un peu peur, je sais que nous trouverons une solution, même si nous sommes en dehors des programmes de recherche. Les registres du commerce sont lents. L’ouverture de comptes bancaires est lente. Nous sommes au service des six cantons, nous faisons venir des sociétés qui parfois créent de nombreux emplois et payent beaucoup d’impôts.

Questions de la salle

Sur la fiscalité et les avantages proposés?

Les taux suisses sont modérés. La fiscalité offre beaucoup de prévisibilité. Un ou deux points ne font pas la différence. Il arrive que des sociétés montent au front pour cette question. Mais nous ne les attirons pas. Nous cherchons des sociétés technologiques et nous disposons de six cantons. Le GGBa possède la plus grande force de frappe suisse à l’étranger. Nous suivons Moderna depuis 2014. On les a fait venir en 2016. En 2020, ils voulaient aller à Bâle. On ne maîtrise pas cela. Avec Incyte, on attendait 150 emplois. Aux dernières nouvelles, cette entreprise en a créés 400 environ.


11h45 Allocution de clôture | Pierre Daniel Senn, vice-président usam

Mesdames et Messieurs, au terme de ces deux jours de conférences sur le besoin de «Renforcer la politique en faveur des PME», permettez-moi de réitérer mes remerciements à toutes et à tous. Vous êtes désormais informés quant aux défis de la politique à développer à la faveur des PME. Je vous exhorte vivement à mettre ces connaissances en pratique au bénéfice plus large des PME. À travers l’organisation de ces Journée romandes des arts et métiers, l’usam démontre son implication en politique, autant pour les PME que pour l’économie suisse.

Hier, il était question avec Michel Santi des défis posés à l’économie et aux PME par les incertitudes pesantes de la finance internationale et de la stabilité monétaire. Les conseillers nationaux nous ont fait goûter à leur sauce les arcanes de la politique face aux questions de l’UE, de la pénurie de main-d’œuvre et des coûts de la règlementation. Luc Ferry nous a magistralement présenté les implications des postures environnementales quant aux principes de précaution et de responsabilité.

L’environnement représente un grand défi pour les PME, et est-ce que cela peut résoudre le problème du changement climatique? Aujourd’hui, nous avons encore vu quelles sont les tendances d’évolution au sein des organisations économiques de branches ou des unions cantonales.
Les tendances critiques à l’économie – consommation, éthique, durabilité – et comment les PME peuvent rebondir sur ces terrains apparemment glissants. En effet, l’économie de marché des PME est protéiforme, cela veut dire qu’elle dispose d’une grande force d’adaptation.

La question de comprendre comment il faut mobiliser les PME et les forces politiques même au cœur des crises, est importante. Finalement, il n’y a jamais de moment parfaitement idéal pour défendre les PME qui ont leur espoir toujours fixé sur l’avenir.

Avec Thomas Bohn, nous avons pu constater que l’attractivité de la Suisse occidentale n’est pas émoussée, mais il y a du pain sur la planche.

Quelques remarques personnelles. Avons-nous un horizon? Où est-il, et quel est-il? Je renvoie au livre «Court circuit» par Etienne Klein. Le progrès, c’est ce que nous avons vécu au 20e siècle en voyant arriver l’an 2000. L’innovation, c’est ce que nous faisons maintenant, pour tenter de conserver ce que nous avons acquis. François Langlais nous explique que quand le balancier est arrivé au terme de sa course, il repart dans l’autre sens. Si nous trouvons la force de nous tourner dans la bonne direction, nous verrons les choses sous un autre angle.

Notre objectif à l’usam reste d’établir des conditions idéales pour la liberté d’entreprise sur un marché libre et d’introduire un frein à la règlementation. Ainsi la croissance économique sera soutenable.
Je terminerai mon allocution, en réitérant à toutes et tous, mes sincères remerciements pour votre participation active à ces Journées romandes des arts et métiers.

La 57e édition des Journées romandes des arts et métiers aura lieu les jeudi 20 et vendredi 21 juin 2024. Je vous remercie de votre aimable attention.


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